Fructification

Évaluer l'année de fructification de vos fruitiers.

Nombre d'années avant la fructification de plusieurs fruitiers - Christian Sauvé  

Voici un tableau qui donne une idée du nombre d’années avant la récolte pour plusieurs fruitiers. Sauf mention contraire, on présume que vous avez acheté une plante de pépinière de taille standard pour sa catégorie. Si vous avez fait des semis, il faut habituellement ajouter d’une à plusieurs années au calcul.

Notez que 0 indique que la plante peut fructifier l’année de la plantation.

Espèce Années avant la récolte Fruit climatérique
Abricotier
Prunus armeniaca
3-5 X
Amélanchier
Amelanchier
2-4
Argousier
Hippophae rhamnoides
3-5
Aronia, Aronie
Aronia Melanocarpa
3-4
Assiminier, Pawpaw
Asimina triloba
4-8 X
Bleuetier en corymbe
Vaccinium corymbosum
3-5
Bleuetier nain, indigène
Vaccinium angustifolium
3-4
Camerisier
Lonicera caerulea
2-3
Canneberge
Vaccinium macrocarpon
4-5
Caraganier de Sibérie
Caragana arborescens
5
Casseillier
Ribes x nidigrolaria
2-5
Cassissier
Ribes nigrum
2-5
Cerisier aigre
Prunus cerasus
3-5
Cerisier SK, Cerisier rustique, Cerisier nain, Griottier
Prunus fruticosa x cerasus
3-4
Cerisier sucré, doux
Prunus avium
3-5
Chêne
Quercus
15
Cognassier
Cydonia oblonga
3-5 X
Figuier
Ficus carica
2-3 X
Fraisier
Fragaria × ananassa
1
Framboisier d'automne, Framboisier remontant
Rubus idaeus
1-2
Framboisier d'été, Framboisier non remontant
Rubus idaeus
2-3
Gadelier
Ribes rubrum
1-3
Goji
Lycium barbarum
3-4
Groseillier
Ribes uva-crispa
1-3
Houblon
Humulus lupulus
1
Kiwi rustique
Actinidia
2-3 X
Mûrier
Morus
4-5
Nectarinier
Prunus persica
3-4 X
Néflier
Mespilus germanica
3
Noisetier américain
Corylus americana
5-6
Noyer
Juglans
5-20 (selon variété)
Pêcher
Prunus persica
3-4 X
Pimbina
Viburnum trilobum
4
Plaqueminier de Virginie
Diospyros virginiana
6-10
Poirier Asiatique
Pyrus pyrifolia, Pyrus serotina
3 X
Poirier de Sibérie , Poirier de Mandchourie
Pyrus ussuriensis
5-8 X
Poirier Européen
Pyrus communis
2-10 X
Pommetier
Malus
2-5 X
Pommier colonnaire
Malus
2-3 X
Pommier Nain
Malus
2-3 X
Pommier Semi-Nain
Malus
3-4 X
Pommier Semi-standard
Malus
6-8 X
Pommier Standard
Malus
8-10 X
Prucot (Plumcot), Prune-abricot
Prunus salicina × Prunus armeniaca
3-5
Prunier Américain
Prunus
3-7 X
Prunier Asiatique
Prunus salicina
3-7 X
Prunier Européen
Prunus domestica
3-7 X
Prunier Hybride
Prunus
3-7 X
Prunier indigène
Prunus
3-6 X
Prunier-cerise, Chum, Myrobolan
Prunus cerasifera, Prunus pumila var. besseyi x salicina
3 X
Ragouminier, Cerisier tomenteux
Prunus tomentosa
2-3
Ronce (Mûre)
Rubus
2-3
Rosier églantier
Rosa canina
2-3
Sureau
Sambucus canadensis
3
Vigne
Vitis spp.
3-4

Mes arbres ne donnent pas de fruits ou très peu  

Une question qui revient souvent est : « Mes arbres ne donnent pas de fruits ou très peu, ou irrégulièrement; que puis-je faire? ». Comme il peut y avoir plusieurs causes à ce phénomène, il faut, avant d’indiquer le ou les remèdes, déterminer quelle en est la cause principale.

Dans la très grande majorité des cas, la production de fruits suppose que des fleurs aient été fécondées par du pollen de la même espèce. Mais avant cela il faut nécessairement que l’arbre ou l’arbuste ait porté des fleurs. Et après leur fécondation, il faut encore que le processus de développement des fruits se déroule parfaitement jusqu’à son terme : un pari qui n’est pas gagné d’avance puisqu’il est soumis à de nombreux facteurs internes et aux conditions climatiques.

Il importe donc de connaître et comprendre les mécanismes qui affecte la fructification afin de mettre toute les chances de notre côté.

Recherche des causes

Identifier la ou les causes possibles d’une non-fructification des fruitiers se fait en escaladant une série de questions dont les réponses permettront de cerner peu à peu l’origine du problème.

  1. Informations générales : l’espèce, la ou les variétés, l’emplacement, nombre d'heure d'ensoleillement, l’âge, le comportement antérieur de l’arbre, les interventions effectuées sur l'arbre et autour de l'arbre et tous les autres renseignements qui pourront être utiles.
  2. Le frutier porte-t-il des fleurs? NON ou OUI (une question fondamentale)
    1. Si la réponse est « NON » :
      1. Si l’arbre/arbuste est jeune, attendre qu’il ait dépassé la phase juvénile et soit au stade adulte, modérer la fumure minérale et ne pas tailler (trop) sévèrement;
      2. Si l’arbre/arbuste est âgé et sa croissance faible, apporter une bonne couche de compost suivi d'une chouche de paillis de feuillus et faire une taille de rajeunissement dans la charpente.
    2. Si la réponse est « OUI » : plusieurs questions vont permettre d’orienter la recherche d’une ou plusieurs causes :
      1. Peu ou pas de fruits depuis la plantation; chute des fleurs après la floraison : non-fécondation des fleurs à cause de l’absence d’un pollinisateur compatible;
      2. Peu ou pas de fruits pendant plusieurs années après plusieurs années de fructification : l’arbre responsable de la pollinisation a été enlevé, dans un rayon de 100 à 200 m;
      3. Peu ou pas de fruits une année sur deux, ce qui correspond à un phénomène typique d’« alternance » dû à un mauvais entretien : tailler plus sévèrement si le boutonnement est abondant; éclaircir les fruits (réduire leur nombre);
      4. Pas de fruits cette année en particulier : plusieurs explications possibles :
        • Destruction des fleurs par les gelées printanières;
        • Chute des très jeunes fruits en juin-juillet (chute de juin) due soit à une pollinisation insuffisante (absence d’un bon pollinisateur – conditions climatiques défavorables et faible activité des butineurs pendant la floraison : froid, vent, pluie, etc), soit à une vigueur trop forte (arbres jeunes, taille de rajeunissement trop sévère, etc);
        • Chute des fruits en fin d’été, un mois avant la maturité normale : sécheresse du sol, attaque de ravageur (animaux, insectes), ou éclaircissage insuffisant (les fruits d’un même bouquet se gênent et l’un d’eux s’arrache);
        • De manière générale, le grossissement des fruits est lent et s’arrête, peu ou pas de chute de fruits; la croissance des arbres est faible : dégâts de rongeurs, sécheresse du sol;
        • Sur pommiers, de manière éparse, certains fruits ne grossissent pas et restent accrochés à l’arbre jusqu’en fin de saison; ils sont difformes et de teinte vert-rougeâtre; les rameaux sont déformés, portant des feuilles petites et recroquevillées : conséquence d’attaques de puceron en début de saison.
      5. Fruits très ou trop nombreux ne grossissant pas; croissance faible ou nulle : si c’est un arbre âgé non taillé ou élagué depuis plusieurs années, faire une taille de rajeunissement en deux ou trois ans; si après plusieurs années la situation ne s’améliore pas, considérer que l’arbre est arrivé au stade sénile.

Les remèdes à appliquer : obtenir des fleurs

La plupart des espèces fruitières portent des fleurs hermaphrodites, c’est-à-dire munies des organes des deux sexes : un ovaire contenant un ou plusieurs ovules, qui évoluera en un fruit, et plusieurs étamines qui fourniront le pollen fécondateur. Quelques espèces portent des fleurs unisexuées sur la même plante : noisetier – noyer – châtaignier; les Actinidias portent, sauf exception, des fleurs unisexuées sur des plantes distinctes.

Selon les espèces, les fleurs contenues dans un bouton ou un chaton apparaissent sur des rameaux d’âge différent : rameau de l’année même chez la vigne, rameau de l’année précédente chez les espèces à noyau, rameaux de différents âges chez les espèces à pépins.

Sur une jeune plante, la production de fleurs commence lorsqu’elle passe du stade juvénile caractérisé par une très forte croissance végétative au stade adulte où la croissance et la production de fleurs sont en équilibre. Pour hâter l’entrée en production d’un arbre ou d’un arbuste fruitier, il importe de dépasser rapidement le stade juvénile en modérant la croissance par le choix d’un sujet porte-greffe de faible vigueur et par une taille longue, moins sévère, qui donnera des réactions moins fortes qu’une taille courte. Ceci explique que des arbres de faible volume entrent en production plus tôt que des grands arbres chez qui l’édification de la ramure demande davantage de temps.

Assurer la fécondation des fleurs

La fructification va dépendre de plusieurs facteurs : la simultanéité des floraisons mâle et femelle, la qualité et la compatibilité du pollen, et le transfert de celui-ci vers les stigmates, ainsi que les conditions climatiques. Les deux premiers points sont à prendre en compte dans le choix des variétés. Les pépiniéristes disposent de tableaux qui permettent de choisir en connaissance de cause.

Les conditions climatiques vont influencer à la fois le transfert du pollen et le processus de fécondation proprement dit : germination du pollen – croissance du tube pollinique – double fécondation. La formation du fruit ne commencera qu’une fois que la fécondation de la fleur est réussie. La diminution de la présence de pollinisateurs par temps froids.

Favoriser le transfert du pollen

La distance que doit parcourir le pollen entre les anthères et les stigmates est très variable. Chez les espèces à fleurs hermaphrodites auto-fertiles, elle peut n’être que de quelques millimètres seulement par exemple chez la vigne et les pêchers, griottiers, certains cerisiers à fruits doux et certains pruniers. Elle sera de quelques mètres chez les espèces à fleurs hermaphrodites autostériles (espèces à pépins) et chez les espèces monoïques ou dioïques.

Le transfert du pollen est assuré par le vent dans quelques cas (vignes, noisetiers, noyers, châtaigniers), et plus généralement par les abeilles domestiques et par les insectes butineurs sauvages. La présence de ces derniers est donc un facteur important de réussite de la fécondation et de la fructification de nos fruitiers.

Les fleurs favorisent la présence des insectes assurant la pollinisation nécessaire à la fructification des arbres fruitiers. L’activité de ces auxiliaires est moins dépendante des conditions climatiques (vent, pluie et froid) que celle des abeilles domestiques. Mais il a été observé que la présence de trop nombreuses d'abeilles domestiques nuit à celle des butineurs sauvages. De manière générale, l’arboriculteur aura intérêt à créer un microclimat favorable : moins venteux et avec une température un peu plus élevée; cela favorise d’une part l’activité des insectes pollinisateurs, et d’autre part le déroulement de la suite.

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